« Sans précédent ». C’est le mot qui revient le plus souvent pour qualifier le plan social annoncé début juillet par Airbus, en réaction à la pandémie. Pour mémoire, l’avionneur n’a enregistré aucune commande depuis le mois d’avril mais a livré 36 avions en juin. La cadence de production a été diminuée de 30%, celle des sous-traitants a suivi la baisse.
Le chômage partiel longue durée est envisagé, au même titre que les départs anticipés en retraite – en somme, toutes les mesures qui permettraient d’éviter les licenciements secs au sein d’un groupe prospère qui, jusque-là, n’avait jamais connu une telle perspective. Un choc pour l’Occitanie où près de 100’000 personnes travaillent dans l’aéronautique – et de sombres présages pour toute une région que ne parviendra probablement pas à sauver le plan de 15 milliards d’euros promis par le gouvernement.
A titre de comparaison, seule l’Allemagne sera (à peine) plus touchée, avec 5100 licenciements. Royaume-Uni et Espagne seront moins touchés. « Nous devons faire face à la réalité que 40 % de notre activité dans le secteur des avions commerciaux a disparu et qu’il faudra très probablement beaucoup de temps pour remonter, nous devons donc prendre des mesures décisives maintenant », a indiqué le président exécutif du groupe Guillaume Faury. « Nous attendons d’Airbus qu’il utilise pleinement les instruments mis en place par le gouvernement pour réduire le nombre de suppressions d’emplois », a répondu Bercy via l’AFP.
Dans l’immédiat, les salariés ont déjà fait preuve de leur mécontentement, avec une (très) longue marche de 4 kilomètres sur le site de Toulouse, réunissant près de 8’000 personnes et où devraient être licenciées 3400 salariés – un vrai choc pour des salariés à qui l’on demandait il y a 4 mois d’accélérer les cadences pour faire face à un carnet de commandes plein pour les 8 ans à venir. Airbus n’avait, jusqu’à présent, jamais opéré de licenciement sec. Les négociations s’engagent actuellement pour une première durée de 4 mois.