C’est probablement une annone dont il faudra se souvenir dans une génération ou deux : « L’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne (EASA) a annoncé la certification d’un avion électrique, le Pipistrel Velis Electro, la première certification de type mondiale d’un avion entièrement électrique ». L’annonce a été faite le 10 juin, depuis le siège de l’EASA à Cologne.
La certification, achevée en moins de trois ans, a été possible grâce à une étroite coopération entre Pipistrel et l’EASA, dans le but commun de garantir que l’avion répondait aux normes de sécurité requises pour la certification. Autrement dit, ce n’est pas un aéronef isolé qui a été certifié, mais bel et bien un nouveau type de propulsion, au sein d’une certification dite « de type » à laquelle d’autres constructeurs pourront donc avoir eux aussi recours.
Trois grands enjeux immédiats
Les enjeux, à terme, sont importants. Ce nouveau type d’aéronef promet évidemment d’être sans émission carbone à l’usage. C’est une préoccupation de la plupart des gouvernements – surtout ceux qui ont accordé des enveloppes de plusieurs milliards à leur industrie aéronautique pour éviter qu’elle ne s’effondre en sortie de pandémie. Ce moteur ouvre aussi la voie aux futurs eVTOL, les aéronefs « electric Vertical Take Off Landing ».
C’est également un vecteur majeur de l’acceptation par le grand public de l’aviation en tant que loisir, laquelle se heurte de manière quasi systématique aux plaintes des riverains pour cause de nuisance sonore. Le Velis ne devrait pas dépasser 60 dB, le bruit d’une conversation normale. Le bruit d’un moteur thermique traditionnel est en règle générale proche de 100 dB, celui fourni par un concert live.
C’est enfin la possibilité, pour de nombreux prétendants à la licence de pilote privé de loisir (PPL), de s’engager dans une telle formation avec un budget moindre que les 7’000 euros qui sont actuellement exigés, en moyenne, dans la plupart des aéroclubs. La certification du Pipistrel Velis Electro est donc l’une des clés de la démocratisation du vol de loisir et du développement des Fédérations nationale. Parmi les premières concernées : la Suisse et la France. Ces deux pays ont en effet été associés à l’EASA dans le processus de certification et seront donc plus prompts à déployer le Velis Electro.
Pour plus d’informations, l’épisode 50 du podcast parle en détail de l’évaluation d’un avion électrique par la Fédération Française Aéronautique.
Des essais déjà engagés
En France, l’avion électrique est notamment testé depuis de nombreux mois à Toussus-le-Noble. En Suisse, 12 avions sur 10 aérodromes auront leur base équipée de 150 m2 de panneaux photovoltaïques, produisant de l’électricité pendant 12 000 heures de vol par an sur le Velis Electro. Pipistrel livrera les 31 premiers Velis Electro à des clients dans 7 pays différents dès 2020.
Le temps de charge est de 1h20 pour atteindre jusqu’à 95% de la charge, 2h pour faire un « plein complet ». Le calcul en école est donc simple : avec des cours de 45 à 60 mn, il faudra 2 Velis pour un roulement espacé entre 2 élèves, mais plus probablement 3 Velis pour que les roulements se fassent sans temps de pause. L’autonomie du Velis est donnée pour 50 mn, temps de sécurité compris.
Le fruit d’une course de fond
Le Slovène Pipistrel s’était engagé très tôt dans le développement d’aéronefs électriques, il y a précisément 13 ans, en 2007. Le nombre réduit de pièces mobiles diminue considérablement les coûts de maintenance. De nombreuses variables vont disparaître du tableau de bord, comme la température huile, sa pression, le niveau d’essence, sa pression, la température des gaz d’échappements, etc. En revanche, de nouvelles variables font leur apparition, comme le niveau de charge des batteries et la surveillance de leur température.
Pipistrel annonce aujourd’hui disposer, avec le Velis, d’un groupe motopropulseur dont la durée de vie est deux fois plus longue que les premières générations : 2000 heures. A 175’000 euros l’exemplaire, l’heure de vol reviendra peu ou prou à 90 euros avant changement du groupe. En ajoutant le salaire du formateur, celui de l’électricité, ainsi que les frais d’entretien, stockage, parmi d’autres, le prix final pour l’élève sera certes inférieur aux standards thermiques actuels…mais pas de beaucoup.